44.1 Nico, Le Bac, LÉté, Les Hommes Et LImperium.
Dimanche matin, 8 juillet 2001, 2h39.
Un beau mec n'ayant jamais connu auparavant le plaisir de la sodomie. Un beau brun découvrant qu'il aime ce plaisir inconnu et toujours écarté, refoulé auparavant
voilà que je trouve cela outrageusement excitant
Non, jamais je n'aurais cru voir le beau brun prendre son pied de cette façon, en se faisant mettre bien profondément, tout en gémissant, en suppliant, en quémandant ce nouveau plaisir qui secoue chacune de ses fibres
en réclamant avec insistance, presque en criant, quon le défonce plus fort, encore plus fort, sans retenue
le voir gémir sous les coups de reins dun mec qui est à ce instant précis
plus « mec » que lui
le voir complètement soumis au plaisir, à la puissance de la queue qui le fait jouir du cul
Oui, je trouve cela extrêmement excitant de voir le beau brun renoncer à son statut de mâle, jouir de voir sa virilité écrasée de cette façon absolue, céder avec bonheur à lassaut dune virilité plus puissante que la sienne
Ce qui ne mempêche pas de me demander comment le beau brun va assumer cela après coup, lorsque lexcitation sera retombée, lorsque son « maître » dun soir se sera vidé les couilles et lorsquil verra dans son regard le triomphe de sa virilité sur la sienne
Jai mal dans ma chair de voir une fierté masculine si impitoyablement malmenée
et de deviner les dégâts que cela va engendrer après coup
hélas, comme il est suggéré dans une fable célèbre, « Le beau brun et le brun beau », il n'est point de loi que celle du plus viril... car la raison du plus couillu est toujours la meilleure
En attendant, je regarde le beau brun en train de prendre son pied sans ménagement
pendant que son « maître » dun soir se défoule entre ses cuisses, sans ménagement
ce dernier est en nage, il va bientôt jouir
« Vas y, comme ça, vas-y, défonce-moi, vas-y, mec
» jentends le beau brun crier, fou de plaisir «
putain que cest bon
jamais on ma fait un truc pareil, jamais ! ».
Ce qui finit par motiver son « maître » à se lancer dans une série de coups de reins bien puissants et profonds, avec pour conséquence de lamener à jouir rapidement et très fort, le visage déformé par la puissante secousse de lorgasme, exprimant son plaisir dans un râle profond
tout en cherchant mon regard pour sy abandonner lespace dun instant de jouissance
Lorsque son excitation retombe, son regard retombe aussi
cest là que je capte les yeux du beau brun, des yeux dans lesquels je lis la vibration toujours puissante dune excitation extrême
jai carrément limpression que son physique de petit coq sexy tremble encore, secoué par le plaisir de fou qui la carrément retourné
Précédemment dans 50 nuances de ces inqualifiables goujats de Jérém et de Thibault : après le bac, après Gruissan, après les interludes fort distrayants de la Piscine Nakache et du vestiaire du terrain de rugby, le mois de juin 2001 touchait à sa fin ; une journée shopping avec ma cousine rue dAlsace-Lorraine sétait terminé avec la rencontre du charmant Thibault mannonçant de façon désinvolte que son pote bossait désormais dans une brasserie rue de Metz ; un peu plus tard ce jour là, à une terrasse bondé de monde, javais retrouvé un beau mécano ainsi quun beau brun en mode serveur, le torse moulé dans un t-shirt noir à me donner le vertige
un Jérém souriant, lair dapprécier ma présence sur les lieux
Thibault mavait parlé dune soirée au KL
Le samedi suivant, Elodie et moi on avait eu rendez vous avec Amélie
Amélie Poulain
un peu plus tard dans la soirée, au KL, la meute avait débarqué avec charmes et fracas
javais dabord retrouvé Thibault mannonçant un nouvel emploi pour Jérém à la rentrée, un emploi qui pourrait lamener très loin de moi, et de lui
ma tristesse trop évidente sétait mélangée avec la sienne, plus discrète mais pas pour autant moins forte, mon chagrin avait été pansé par la tendresse touchante et émue du beau mécano
Encore plus tard dans la soirée, le nouveau parfum de Jérém, combiné en mélange explosif avec son regard pénétrant et avec mon envie excessive de lui, mavaient poussé à chuchoter au creux de son oreille des cochonneries dont jaurais honte à posteriori
croyant lui faire plaisir, et lui donner envie de terminer la soirée avec moi, je navais eu pour résultat que celui de me faire jeter comme une merde
Et, cerise sur le gâteau, javais assisté à une scène complètement surréaliste, avec un Jérém en mode chasseur qui lève deux nanas dun claquement de doigts pour un plan à quatre avec
Thibault
Colère, jalousie, trahison voilà la palette complète des sensations que javais ressenti à ce moment là
Quelques minutes plus tard, un magnifique reubeu avait suscité en moi un désir urgent et inéluctable
javais eu envie de lui comme une évidence
jétais assommé tellement ce mec me faisait de leffet, tellement sa simple présence était un appel au sexe
hélas, son regard dur, dans lequel je navais su lire que de lhostilité, ainsi quun geste ambigu de la main mavaient sacrement foutu les pétoches
jétais alors parti en courant, laissant définitivement planer le doute sur ses intentions
Le retour précipité avec ma cousine sétait terminé avec une conversation instructive et apaisante
« Mon cousin, taurais pas par hasard un 06 en attente de rendez-vous ? Je sais pas
genre un mec à qui tas posé un lapin en début de semaine et avec qui tu aurais envie de passer un bon moment pour te consoler ? ».
Dans laprès midi de ce dimanche commencé de façon si décevante, une belle rencontre dans le quartier de la Halle aux Grains avait mis ma vie sur de nouveaux rails. Oui, dans un apart très accueillant javais trouvé plaisir, tendresse et réconfort auprès dun charmant Stéphane
Le lundi matin au lendemain de ce dimanche après midi magique chez Gabin et son maître, je me réveille comme je me suis endormi, c'est-à-dire
sur un petit nuage
jémerge petit à petit, comme dun rêve, et les souvenirs viennent à moi en douceur, comme des caresses légères
oui, cest ainsi, comme des caresses inattendues mais oh combien plaisantes, que je vois faire surface, en vrac et en nombre, des images et des sensations de la veille
le câlin sur le canapé en arrivant chez lui en début daprès-midi, un câlin doux et inattendu qui ma touché jusquaux larmes
son adorable délicatesse dans le fait de me réconforter en me serrant à lui sans demander dexplications
la balade avec Gabin au Jardin des Plantes, la plaisante sensation de marcher ensemble, côte à côte, tout naturellement, sans se soucier dêtre pris pour des pd
découvrir que lon peut partager autre chose avec un garçon que son lit et sa queue
comme une balade, une simple, banalissime balade du dimanche après midi, une balade pourtant si spéciale, si chargée de symboles et de significations pour moi, un moment si extraordinairement normal
le retour à lapart
le sourire de Stéphane, les baisers
défaire les boutons de sa chemisette
sa bouche sur la mienne, sur mon torse, sur mon sexe
ma première fellation reçue, la découverte de ce plaisir nouveau, la sensation magique de comprendre ce plaisir que je nai jusquà là réservé quà Celui-dont-on-ne-doit-plus
lexcitante sensation de comprendre, de vivre son propre plaisir
le beau Stéphane, le doux Stéphane, ses caresses, son sourire, sa tendresse, les câlins
la première fois que je suis venu dans la bouche dun garçon
mon enchantement face à toutes ces découvertes de jouissance masculine que ce charmant garçon a su mamener avec une douceur incroyable
son DIM orange et blanc
les câlins, ses caresses, son sourire, sa tendresse
la douce impatience de découvrir sa queue
le désir dy aller par petites touches
sa queue dans ma bouche
sa tendresse, son sourire, les câlins, ses caresses
ce truc de dingue avec sa main autour de ma queue et le bout humide de son pouce dans le creux de mon gland
son envie de moi exprimée par des mots simples, gentiment, me laissant le choix daccepter ou de refuser
Stéphane qui enfile sa capote, mon aide maladroite
Stéphane en moi
ses caresses, les câlins, son sourire, sa tendresse
Stéphane qui prend son pied en moi, avec moi
les câlins, sa tendresse, son sourire, ses caresses
Stéphane qui jouit
Stéphane allongé sur moi secoué par le hoquet et qui en rigole
Stéphane qui me fait jouir encore avec sa main
les câlins, ses caresses, son sourire, sa tendresse
la douche, son corps contre le mien sous leau, encore des câlins, sa main qui serre nos queues, le plaisir de jouir ensemble sous leau et de sabandonner dans les bras lun de lautre juste après
abandonner mon visage dans le creux de son épaule, leau qui emporte mes larmes, le sentiment dêtre compris, accepté, aimé pour ce que je suis
la douceur de la serviette verte, les peaux qui se frôlent, lodeur du gel douche, de nos peaux humides
le goût de ses lèvres, la douceur de sa peau, la douceur de son regard
la chaleur de son étreinte
sa collec de dvd Disney, Aladdin, le risotto
le jambon porté disparu
la douceur du regard de Gabin
Drucker, le 20 heures, le film du dimanche soir qui défile sans importance
le moment de se quitter, ses mots adorables
et
Paf !
Oui, paf
cest un tourbillon dimages qui me donne le tournis
à un moment jai vraiment la tête qui tourne
jen ai des frissons
je déconnecte, jouvre les yeux et je me concentre sur ma respiration
jai limpression quun rouleau compresseur est passé sur moi
un bon rouleau, certes, mais qui me laisse tout mâché, tout étourdi
ça fait tellement de choses en une seule fois
jai carrément limpression davoir été plongé dans une autre vie, dans une autre dimension
Je referme les yeux, je respire profondément
je retrouve mes esprits ou du moins je les cherche
ce que jai vécu la veille est à un point beau et fort que je narrive toujours pas à croire que ça mest réellement arrivé
oui, jai toujours du mal à croire quun mec aussi charmant que Stéphane puisse sintéresser à un couillon comme moi
dautant plus que je ne le mérite pas
quoi quil en dise, quoi quil en pense, non, je ne le mérite pas
je lui ai menti sur pas mal de choses, notamment sur les raisons de lannulation de notre premier rendez vous
Non, je nai pas été réglo avec lui, ce mec ne sait rien de moi
il ne sait pas comment, avant de le rencontrer, et même après, et même juste après avoir annulé notre rendez vous, je me suis mis à genoux, au sens propre comme au sens figuré, devant un mec pour qui je ne suis quun trou à bite
non, Stéphane ne sait pas comment je me suis rabaissé sexuellement vis-à-vis de ce Celui-dont-on-ne-doit-plus
à quel point je lai eu trop profondément dans la peau, comment jai tout accepté de lui, lhumiliation, la dégradation, comment jai cédé à ses envies de mec, à toutes ses envies de mâle dominant, et que jai sacrement aimé ça, que je men suis contenté et que jai même joui de cela dans le feu de laction
non, Stéphane ne sait pas que jai accepté dêtre la parfaite salope dun bel apollon sauf me plaindre juste après du fait que cet apollon ne veuille rien de plus de moi que de se vider les burnes
Je me dis quun mec qui ment, qui se laisse rabaisser à ce point, ne mérite pas le bonheur de se retrouver dans les bras dun garçon aussi adorable que Stéphane
je ne me sens pas digne de son attention, je sais quil se trompe sur moi, quil me surestime
non, je ne suis pas le type bien quil semble voir en moi
il a eu beau me dire et me répéter que jai le droit dêtre heureux et de recevoir de lamour, ce nest pas pour autant que la leçon est rentrée
Je sais que sil me connaissait vraiment, sil savait ce que je suis, ce quest ma nature profonde, son regard sur moi changerait du tout au tout
jai limpression que notre rapport est basé sur un mensonge et que si jamais le destin nous offrait la possibilité de nous côtoyer un peu plus, il comprendrait qui je suis vraiment, et il me laisserait tomber
je perdrais son estime, son affection, pour lui laisser, en tant quunique souvenir de moi, le goût amer de la déception
Jai limpression dêtre « creux », que je nai rien à offrir à un mec à part mes talents au lit
non, je nai rien à proposer à un mec, surtout pas à un mec comme lui, un mec aussi gentil
je cherche beaucoup de choses chez un mec, mais je ne connais rien à rien, alors que jai même du mal à trouver des sujets de conversation ? Alors, cest dur de ladmettre mais il faut être lucide, quelque part cest un bien que le destin nous sépare, quon se quitte sur une bonne impression, bien quelle soit fausse en ce qui le concerne
Voilà la grande question qui sera longtemps sous-jacente aux malheurs de ma vie
comment se faire accepter, alors que lon ne saccepte pas soi même ?
Et encore : comment se faire aimer alors quon ne saime pas soi même ?
Et surtout : comment aimer vraiment alors quon ne saime pas soi-même ?
Jai envie de pleurer tellement je me sens nul à ce moment là
je nai pas envie de me lever
je nai pas envie daller voir les résultats du bac, je nai surtout pas envie de croiser Celui-dont-on-ne-doit-plus
je me sens plonger dans la tristesse et je ne sais vraiment pas ce qui pourrait me remonter le moral
je ne vais pas tarder à le savoir.
Ce ne sera pas toujours le cas par la suite, mais ce jour là je me dis que le mec qui a inventé les sms est un bienfaiteur de lhumanité
Mon portable vient de couiner. Un sms vient darriver.
« Jai vraiment aimé
tout
»
Oooohhh il est adorable ce Stéphane
voilà un petit message qui a le pouvoir de me secouer illico de ma torpeur et de repousser mes idées noires comme un coup de vent frais fait disparaître les nuages à lhorizon.
Car à travers ce tout petit message je sens toute son affection sur moi
cest comme une caresse, une caresse électronique, certes, mais une caresse quand même
dans ce petit message je ressens toute sa bienveillance, sa douceur
et je me dis quau fond cest peut-être moi qui me trompe sur moi-même
le fait quun mec si bien et si avisé sintéresse à moi me laisse alors espérer quil pourrait avoir vu en moi quelque chose que je ne sais pas déceler
Le fait est que lorsque je suis avec Stéphane, quand je sens la douceur de son regard sur moi, même à travers ce petit message, je me sens quelquun de meilleur
oui, jai limpression que Stéphane arrive à sortir le meilleur de moi
alors que Celui-dont-on-ne-doit-plus
arrive à sortir le pire, les instincts les plus bas
Peut-être que simplement que ma vie sentimentale et sexuelle na pas commencé avec la bonne personne
peut-être que si dentrée javais rencontré Stéphane, mes envies et mes désirs seraient autres aujourdhui
à partir du moment où Celui-dont-on-ne-doit-plus
sest enfoncé en moi, je me suis à mon tour enfoncé dans une sexualité débridée
à partir du jour où jai compris que je naurais pas autre chose que son corps et sa queue, ce qui nest déjà pas peu de choses lorsquon y pense
lorsque jai réalisé que je ne serai pas autre chose que son vide couilles, jai essayé de me contenter de ce rôle et daller de plus en plus loin dans le plaisir que jétais capable de lui donner
Certes, il nen demeure pas moins que les fantasmes que jai vécus avec lui, ne sont pas sortis de nulle part, ils sont bien là, tapis au fond de moi
des fantasmes que son indicible sexytude et son attitude dominatrice nont fait que faire ressortir
oui, ces fantasmes sont bien là, dans mon esprit de jeune gay de 18 ans
et si bien, est ce que cela fait pour autant de moi quelquun de mauvais, de pervers ?
Le plaisir, encore plus de plaisir, toujours plus de plaisir
oui, à bien regarder, le plaisir est bien la seule façon que jai trouvée pour communiquer avec lui, la seule brèche pour atteindre le plus profond de son être, la seule manière de le marquer, pour quil se souvienne de moi
Me faire sauter à la demande, lui rendre ma bouche et mon cul indispensables, le faire jouir encore encore et encore est la seule façon de partager quelque chose avec lui
la seule façon de le retenir
Si jétais tombé sur « un » Stéphane dès le départ, peut-être que lamour et la tendresse auraient organisé autrement ma vie toute entière, et celle sexuelle par conséquent
oui, peut-être quavec un garçon avec qui on peut partager autre chose que du sexe, eh bien ce dernier prend une importance moins capitale
Je ressens à nouveau un sentiment dimpuissance et de profonde injustice face à linéluctabilité de son départ
jen suis sur, sil restait, je pourrais vraiment tourner La Page
sil restait, je pourrais en écrire une autre, très belle, avec lui
cest un terrible gâchis
comment la vie est mal foutue
Je veux le revoir coûte que coûte avant son départ
jai envie de lui, de son corps, de sa bouche, de son torse, de ses bras, de son sexe
jai envie de le câliner, jai envie de me faire câliner, jai envie de faire lamour avec lui
Je finis par me branler en pensant à lamour avec Stéphane
je jouis dans mes draps avec bonheur, et je retombe dans les bras de Morphée, une petite mort si apaisante
un instant de répit supplémentaire, de bien être, de douceur avant de replonger dans le réel
pouvoir immense de la branlette que celui de nous faire voir la vie en rose juste après
Lorsque jémerge à nouveau, je relis le sms de Stéphane et je retrouve dans ce petit texte toute la complicité de la veille, limpression dêtre plus fort grâce à l'amour et à la tendresse que ce garçon ma données, grâce au fait d'être enfin en accord avec moi-même
je retrouve en moi cette puissante certitude que, quoi quil arrive à lavenir, je me sens déterminé à ne plus tout accepter par amour, fort de pouvoir désormais penser quil peut y avoir sur terre (et sur Toulouse) d'autres mecs que Celui-dont-on-ne-doit-plus
qui sauraient maimer d'une façon qui me correspond vraiment
je me sens encore et toujours très déterminé
Seul petit bémol
quen sera-t-il de cette détermination lorsque Stéphane sera parti à mille bornes de Toulouse ? Ou, beaucoup plus près, quen sera-t-il de ma résolution lorsque je reverrai Celui-dont-on-ne-doit-plus
peut être tout à lheure devant les grilles du lycée ?
Je regarde le radio-réveil
10 heures
je réalise que dans tout juste une heure les résultats du bac vont être affichés au lycée
vais-je le revoir ? vais-je le revoir ? vais-je le revoir ? vais-je le revoir ?.
Mais de toute façon il faut y aller
je balance les couvertures, je me lève presque dun bond, je passe à la douche, je mhabille, je descends pour le petit déjeuner.
Maman : « Il va bien Dimitri ? »
Moi, à dix mille bornes de là, carrément dans une autre dimension spatio-temporelle « Qui donc ? ».
Maman : « Dimitri
».
« Ah oui, Dimitri
» je réalise à la fin.
Oui, Dimitri
il va bien, oui
enfin, je nen sais rien
je lai croisé lautre soir, mais jétais tellement occupé à mater ce petit con de Celui-dont-on-ne-doit-plus
en train de draguer des nanas que je nai écouté un traître mot de ce quil racontait. Au fait, ça fait des années que je nai pas eu de ses nouvelles
Maman. Il faut que je te dise un truc. Tu sais
tu te souviens la fois que jai découché il y a quelques semaines ? Oui, la fois que je tai envoyé un sms au petit matin en te disant que je restais dormir cher Dimitri
Non, maman, je nétais pas chez lui
jétais chez un autre gars que tu ne connais pas, un camarade de classe
oui, jai passé la nuit chez lui, mais je nai pas fait que dormir
non, car Celui-dont-on-ne-doit-plus
est un mec qui me rend dingue
son corps, son attitude de mec, son parfum, son tatouage, son grain de beauté dans le cou, ses oreilles, son torse en V, sa chaînette de mec, ses t-shirts moulants, le mystère de sa personne, son regard ténébreux et excessivement brun
et bien dautres choses dont je ne te parlerai pas
tout me rend dingue chez lui
ce soir là jai couché avec ce mec, et ce nétait pas la première fois, ni dailleurs la dernière
ça fait des mois que je couche avec lui
oui, maman, tu as bien compris, jaime les garçons
les filles me laissent de marbre mais alors, les garçons
ce sont eux qui me font vibrer au plus profond, ce sont eux qui me font tourner la tête dans la rue, tant au sens propre comme au sens figuré
pour moi les garçons cest une évidence, depuis toujours
et surtout CE garçon là
Oui, jaime les mecs
je ne lai pas choisi, mais cest venu à moi comme mon goût pour les pâtes au pesto, la glace fraise/chocolat, le jus dorange
alors que pour moi les filles.. cest plutôt les choux de Bruxelles
tu te souviens quand, lorsque jétais petit, tu na jamais réussi à me les faire avaler ?
je ny suis pour rien, tu ny es pour rien
tout mattire vers les beaux garçons, cest une force à laquelle je ne peux pas mopposer, cest comme lattirance dun aimant
cest une force qui me fait tourner la tête et remuer partout à lintérieur, qui fait un feu dartifice dans ma tête lorsque je croise un gars qui me plait
avant dêtre ma maman tu es une femme et si tu le voyais, ce beau Celui-dont-on-ne-doit-plus
, tu comprendrais, jen suis sur
il est beau et sexy au delà de ce que les mots peuvent exprimer
Oui, je suis sur que tu comprendrais pourquoi je lai à ce point dans la peau
et depuis que je suis à lui, je lui ai laissé faire de moi tout ce quil voulait
il lui suffisait de claquer des doigts pour me faire rappliquer illico
dailleurs, il navait même pas besoin de claquer des doigts, cest moi qui lui tournoyait autour comme une abeille autour de la plus belle fleur du pré
je ne sais pas si un jour dans ta vie tas ressenti ça pour un gars, maman, cette envie déchirante de voir un garçon, dêtre avec lui, de le toucher, de
tu comprends ce que je veux dire
Moi, si, maman, jai ressenti tout cela
javais envie de tout avec ce mec
mais pas que de son corps
hélas cest tout ce quil était disposé à me donner
Hélas, même les plus belles choses ont leur revers de la médaille
je suis un jeune garçon qui ne connaît rien à la vie, mais sil y a une chose que jai cru comprendre cest quil ne suffit pas dêtre beau pour rendre heureux quelquun, il faut aussi être un bon gars
et celui là il ne lest pas, du moins il ne lest pas avec moi, il ne lest pas pour moi
il parait quil a eu une enfance difficile, il parait que dans sa vie tout nest pas si charmant comme on pourrait simaginer lorsquon voit ce genre dapollon à qui tout semble réussir, mais peu importe
ce gars ne sait pas maimer et il ne le saura jamais
jai envie de câlins, de beaucoup de câlins, toujours des câlins
oui, maman, des câlins
sans vouloir te vexer, je pense que tu as arrêté trop tôt de men faire
Oui, je cherche des câlins
car le fait dêtre homo ça ne se résume pas à rechercher du sexe à tout va
il y a ça aussi, bien sur, et cest super important
mais pas que
je cherche un gars avec qui partager plus quun lit, un gars avec qui parler, avec qui faire un petit bout de chemin ensemble
Heureusement, le destin a parfois des ressources bien supérieures aux nôtres
un jour je me suis endormi sur une pelouse et je me suis fait réveiller par un labranoir
le labranoir était accompagné par un Stéphagnon
un mec mignon prénommé Stéphane
il ma proposé une bière chez lui, il ma offert les câlins que je cherchais et que je commençais à désespérer de pouvoir trouver un jour
à force de me voir refuser la tendresse qui me manquait tant, javais même commencé à penser que je nétais pas normal, que javais un grain
mais non, avec Stéphane jai découvert quon peut être bien dans les bras dun gars
Mais ça na pas suffi pour me faire oublier le premier gars
alors samedi soir jai été à sa rencontre et je lui ai dit à quel point javais envie de lui
il a écouté ce que javais à lui dire, il sest foutu de moi et il ma jeté comme une merde
cest là que jai croisé Dimitri pour de vrai
mais cétait comme sil était transparent, tellement mon attention était accaparée par Celui-dont-on-ne-doit-plus
en train de me faire du mal
Ca a été une soirée très dure pour moi, car en lespace dune heure à peine, le mec que jaime par-dessus tout ma mis plus bas que terre, un ami ma trahi, et jai eu peur de me faire cogner à cause de ce que je suis
autant te dire que cette nuit en rentrant, jétait mal, très mal, jétais déçu comme jamais de ma vie
heureusement, Elodie était avec moi
Et hier matin, après ma nuit agité, jai repensé à ce gars rencontré sur la pelouse à St Etienne qui mavait laissé entrevoir tout un univers de tendresse et de bonheur lors de notre première rencontre
ou plutôt cest lui qui a repensé à moi
jai été chez lui, hier après midi
Et si je tai dit que jallais chez Dimitri, cest pour ne pas que tu saches que je suis pd, cest pour ne pas te faire de la peine
tu sais, maman, ce gars ma fait des câlins si doux que jen ai même pleuré
est ce que un gars ta fait cet effet un jour ? Ensuite on sest baladés au Jardin des Fleurs avec son labranoir
lorsquon est rentré à lapart de la Halle aux Grains, jai connu lamour, la tendresse, je me suis senti bien dans les bras dun mec
non, maman, hier je nai pas été chez Dimitri, mais chez Stéphane
et je crois que cest la meilleure chose que jai faite, la meilleure chose qui me soit arrivée depuis très longtemps
Le seul problème cest quil va partir loin, que je ne sais pas si je vais le revoir avant son départ et que je vais être malheureux comme les pierres lorsquil ne sera plus là
Voilà ce que javais envie de te dire, maman
Mais ce nest pas aujourdhui que je vais le faire, car le temps presse et le courage manque
alors, je me contenterai de résumer lessentiel des événements qui résument ma vie à ce moment, en omettant tout juste quelques détails insignifiants
Moi : « Ah oui
il va bien
il est impatient de savoir pour son bac
».
Maman : « Il ne doit pas être trop inquiet
si ? ».
« Nooooon
tout roule pour lui
» je mavance « faut que jy aille, maintenant
» je dévie.
« Tu rentres manger ? »
« Oui, maman
».
Je suis dans la rue dans ce magnifique matin de début juillet, il fait beau, il ne fait pas encore chaud et je ressens en moi cette douce sensation dêtre en vacances
le bac est fini, lété est là
et quest ce que cest beau Toulouse lorsque le soleil est là, lorsque les grandes vacances approchent
ses façades en briques, ses rues, ses espaces verts, tout est accueillant, agréable à vivre, les gens semblent de bonne humeur, on entend rigoler dans la rue
cest une ambiance qui met de bonne humeur
qui donne le sourire et qui fait quon finit par se dire que, oui, finalement, la vie est belle
Oui, quand on a 18 ans et que lon a deux mois de vacances devant soi, le sourire est forcement là
deux mois avant la rentrée, deux mois sans réveil ou presque
deux mois
à moi !
Déjà, les « tic tac » du compte à rebours pour le concert de Madonna à Londres sont de plus en plus bruyants dans ma tête
jai vraiment hâte dy être
Ensuite, dès la mi juillet je vais intégrer un stage de formation accélérée pour le permis sur 15 jours
je veux lavoir du premier coup, car il me faut un moyen de locomotion pour profiter ce cet été
une fois le permis en poche, jirai choisir une petite voiture qui rentre dans un budget compatible avec la petite cagnotte que jai mis de coté en bossant les deux étés précédents
il faut juste que je pense à en garder un peu pour équiper ma chambre à Bordeaux
Début août, Elodie va être à nouveau en vacances pendant deux semaines et on a déjà parlé de partir quelques jours, on ne sait pas encore ou, Gruissan ou ailleurs
Deuxième quinzaine daoût il faudra préparer la rentrée, moccuper du logement à Bordeaux, emménager
Voilà le programme agréablement chargé de lété de mes 18 ans
Je mesure la chance davoir des parents qui me paient non seulement des études, mais également le permis et qui me permettent de vivre pleinement lété plein de mes 18 ans
merci papa, merci maman
cest très important pour moi
je ne vous décevrai pas à la fac, vous pouvez y compter
je vous décevrai peut-être un jour, mais ce ne sera pas à cause de mes études
Oui, lété est devant moi et cest un été plein de promesses qui se profile
jai envie de profiter de la vie
oublier dabord Celui-dont-on-ne-doit-plus-jamais-jamais-jamais-prononcer-le-nom
arrêter de me faire du mal
jaimerais tellement revoir Stéphane, mais je sais que ça va être un casse-tête
Alors, cest décidé, cet été sera sensuel
merde à la fin
cest lété de mes 18 ans, je suis majeur et il faut que je méclate maintenant
la chaleur montante du soleil, la brise qui caresse ma peau éveillent mes sens
et puis
les garçons, tous ces garçons que je vois passer à coté de moi, ceux que je croise dans la rue, un regard, un brushing de mec, un biceps qui dépasse dune manchette de t-shirt, une traînée de deo, une barbe de trois jours, une attitude virile, un démarche assurée, tous ces mecs dont la beauté et la sensualité happent mon regard, toutes ces vies de mâles que je voudrais connaître et qui me seront à jamais inconnues
voilà de quoi éveiller mes sens, plus quil nen faudrait
Tous ces mecs que je croise dans la rue et qui disparaissent aussitôt marquant mon esprit dun petit sentiment, passager mais intense, de frustration, me font penser à une chanson de Brassens, dont mon esprit aurait (in)consciemment adapté certains mots
Je veux dédier ce texte/A tous les hommes qu'on aime/Pendant quelques instants secrets/A ceux qu'on connaît à peine/Qu'un destin différent entraîne/Et qu'on ne retrouve jamais
A celui qu'on voit apparaître/Une seconde à sa fenêtre/Et qui, preste, disparaît /Mais dont la svelte silhouette/Est si gracieuse et belle/Qu'on en demeure épanoui
Chères images aperçues/Espérances d'un jour déçues/Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne/Il est rare qu'on se souvienne/Des épisodes du chemin
Cest beau de croiser des beaux passants dans la rue
et certains de ces passants, jai une sacrée envie de les retenir
certes, je ne sais pas comment faire
je suis trop timide et jai la trouille de me faire démonter la tronche
mais ça me démange sacrement de voir un beau mec à poil, de le faire jouir
jai envie de jouir et de faire jouir
jai envie de tout
le fait est que jai 18 ans, les hormones à fleur de peau, et faute davoir un véritable histoire stable avec un garçon, jai envie de sexe, terriblement envie de sexe
De toute façon je vais partir de Toulouse, et je me dis que pendant le temps quil me reste à passer dans ma vie natale, je ne vais pas chercher à rencontrer LE mec
Et maintenant que je sais que je peux jouir comme un mec
je ne veux plus souffrir, être la pute dun mec comme Celui-dont-on-ne-doit-plus
jai envie aussi que lon soccupe de moi
cest lété
on drague
je vais me faire sucer et je vais jouir dans la bouche dun autre mec
jai trop aimé ça, jai trop envie de recommencer
Cest effarant le pouvoir de la beauté masculine de me faire oublier tous mes soucis
depuis que je marche dans la rue, cest leur présence, un ensemble de regards croisés lespace dun instant, de corps et de visages dont la sublime beauté ma pris aux tripes pendant une fraction de secondes avant de disparaître à tout jamais, voilà qui tient mon esprit comme en suspension au dessus de la réalité
au point que je ne me suis même pas aperçu que je suis arrivé devant le lycée
Bah, tiens, le voilà le lycée
et voilà le troupeau impatient des bacheliers sagglutinant autour des tableaux daffichage qui viennent dêtre garnis
Ah, quest-ce que cest beau lété
cest la réflexion que je me fais en matant tout ces jeunes mecs que mon regard sélectif détache très rapidement de la masse informe, ces jeunes mecs en t-shirt, des blancs, des gris, de toutes les couleurs, des bras, parfois même des épaules dénudées, des jambes musclées et légèrement poilues sortant des shorts, des corps bien chauds et pleins de testostérone, des corps que le soleil et la brise et lair des vacances doivent faire frémir autant que le mien
des jeunes mecs avec plein denvies à satisfaire, des mecs qui ont autant envie de jouir que moi
Des jeunes gens avec toute leur vie devant eux, avec tout à découvrir, tout à expérimenter, pleins despoirs infinis car la vie ne leur a montré jusquà là que le meilleur, des jeunes gens quen lespace de quelques mois vont avoir leur bac, le permis, la voiture, lamour, le sexe, quitter le toit familial, partir faire des études, trouver un travail, passer de lenfance à lâge adulte
cest une période où tout change autour de nous, ou tout est possible, où il y a tellement de choix à faire, des choix qui en partie vont conditionner toute notre vie
cest la plus belle période de la vie mais cest aussi peut-être la plus difficile
Oui, quest-ce que cest beau lété
et par-dessus tout, quest que cest beau que la jeunesse masculine, beau et éphémère, beau car éphémère, cest une émotion intense capable de me pousser jusquaux larmes
Mon regard sélectif est passé en mode scanner Nico-gay haute définition
je googolise lespace avec le moteur de recherche de mes yeux pour retrouver SA silhouette
mais jai beau balayer de droite à gauche et de droite à gauche, limage de Celui-dont-on-ne-doit-plus
ne se numérise pas sur ma rétine
zut, alors
il nest pas là
déception aigue et soulagement immédiat
car au fond de moi je crève denvie de le revoir ce petit con, mais le fait quil ne soit pas là me permet davancer le cur léger vers le tableau daffichage
Javance, je regarde mieux
une plastique magnifique se détache de la foule
merde, il est là
il est de dos
t-shirt gris magnifiquement ajusté, short bleu
baskets blanches
casquette noire portée à lenvers
chaînette de mec qui dépasse
une fois de plus, record battu dans la discipline « plus petit con tu meurs »
aaaaaahhhhhh, je commence à transpirer à grandes gouttes
le cur bondit dans ma poitrine tellement il tape fort
je vais faire quoi ? faire semblant de ne pas lavoir vu ? lignorer ?
Javance encore, il tourne un peu le visage, je le regarde et
putain
mais non, ce nest pas lui
cest un autre mec, un autre beau brun, il était dans une autre classe et il mavait tapé dans lil au même temps que Celui-dont-on-ne-doit-plus
, mais pas autant que Celui-dont-on-ne-doit-plus
Nouvelle déception aigue et nouvel soulagement immédiat
japproche désormais sereinement des tableaux daffichage
je nai pas trop de doutes quant à mon bac, à vrai dire cest plutôt le sien qui minquiète
à vrai dire, je ne sais pas bien pourquoi je men inquiète
sil ne la pas cest sa merde, il ne peut sen prendre quà lui-même, il na pas voulu bosser de lannée, ni même lors de nos révisions, toujours préférant écarter des cuisses plutôt que les pages des bouquins
alors cest son problème
pas le mien
et puis on nest rien lun pour lautre, je ne suis rien pour lui, il nest rien pour moi
alors quel sens ça a de minquiéter pour lui ? Pourtant
Pourtant je ne peux mempêcher de me demander ce que je vais ressentir si jamais il ne la pas
et de chercher dabord son nom que le mien dans le tableau daffichage
T
. T
T, voilà
Jérémie T
. oh que sa sonne bien ce prénom avec son nom de famille
celui qui est désormais pour moi Celui-dont-on-ne-doit-plus
« Admis ». Voilà le mot magique. « Admis ». Ouf, je suis soulagé. Tout va vien.
Nicolas S. « Admis ». Je parcours tout le tableau de notre classe. Cest une unanimité d«Admis ».
Heureux et soulagé que tout se soit bien passé malgré la « légèreté » de nos révisions, soulagé et heureux de ne pas lavoir croisé devant les grilles du lycée, je suis calme, je suis bien. Quand je ne le vois pas, je suis calme, je suis bien, je pense que je pourrais même loublier
Je discute un peu avec les camarades, cest leuphorie générale, il ny personne de laissé pour compte, alors le mot « soirée pour fêter ça » commence à circuler de lèvres en lèvres. Les mots « Bodega » et « Esmé » commencent à résonner en écho autour de moi
ouais
cest une bonne idée
ouais
ouais
cest peut être la seule et unique fois ou lon sera tous réunis
ouais
ouais
ouais
Ouais, mais
non
pas pour moi en tout cas
franchement je nai pas envie dune nouvelle soirée bac
et surtout je nai pas envie de revoir Celui-dont-on-ne-doit-plus
si je veux loublier, jai besoin de ne plus le voir
dès que je croise son regard, son pouvoir sur moi est total
alors cette soirée, à vrai dire je men passerais bien
Je repars du lycée en espérant quils vont moublier
en marchant vers la maison, jenvoie un sms à Elodie pour lui donner la bonne nouvelle.
Maman est ravie, elle me félicite, je ne lai pas déçue cette fois-ci, pas encore
attends maman, ça va arriver
Je ressors me balader en ville, je me demande comment je vais passer ma semaine, mon week-end suivant, et les quelques jours qui me séparent de Londres
je nai pas fait cent mètres en direction du pont que le portable beepe
un sms vient darriver.
Lui : « Alors le bac ? ». Cest Stéphane. Il est trop mignon.
Moi : « Tout sest bien passé »
Lui : « Trop cool, félicitations mon grand
»
Moi, direct : « Jai envie de te revoir
»
Lui : « Moi aussi, mais compliqué, ma mère est là
»
Moi : « Même un verre pas possible ? »
Lui : « Mon loulou
si je pouvais
»
Moi : « Tes pas marrant
lol »
Lui : « Lol »
Je décide de lâcher laffaire pour ne pas paraître rélou. Pourtant jai excessivement envie de le voir. Il me manque. Je sens que jai besoin de sentir encore son amour pour que ma mutation intérieure prenne de lassurance et soit durable
il ma montré un chemin, il ma montré que je peux le parcourir
mais jai besoin dêtre accompagné par la main encore un peu
jai envie de faire lamour avec lui, jai envie dêtre dans ses bras
il est encore si près et pourtant déjà si loin, si inaccessible
cest injuste
Par dépit, je décide de faire ce quun fait dhabitude lorsquon ne sait pas quoi faire
aller faire un tour à la Fnac Wilson
je fais la visite détaillée de tous les niveaux et je trouve enfin le dvd que je cherchais, « Un couple presque parfait ». Un sublime navet, mais sublimé par la présence de sa majesté. Il ny a que sa présence et les chansons American Pie et Time stood still qui sont à sauver de la cata
comme la dit ma cousine il y a un an, lorsquon a été voir le film en salle « on voit trop quelle joue mal »
eh, oui, ce nest pas au cinéma que Madonna sillustre le mieux
exception faite pour ce petit chef duvre quest Evita
Je rentre chez moi, je passe le dvd. Jadore la voir à lécran, même si elle joue mal. Sa présence, son être tout entier
et sa voix avant tout, qui nest pas la voix de la Callas, certes, possède pourtant le pouvoir immense de mapaiser et de mapporter du bonheur. Cest pour cela que, après la fin du navet, je ressens le besoin de passer Evita
et là cest lextase
Madonna est ma meilleure copine virtuelle. Chaque fois que quelque chose de marquant se produit dans ma vie, on dirait quelle sarrange pour le marquer avec un nouveau titre, un nouveau clip, un concert, un film
on la souvent dite « finie » et elle est toujours revenue
elle ne ma jamais laissé tomber
Evita se termine et je commence à me dire que je ne sais pas ce que je vais faire de ma soirée. Franchement, je nai pas envie de passer la soirée du jour où jai eu mon bac collé devant la télé
mais quoi faire ? Stéphane, pas de nouvelles
. Elodie ma félicité pour ma réussite, mais à ma proposition de sortir ce soir, elle ma répondu de façon laconique « Désolé, cousine HS ». Pas de nouvelles non plus de Celui-dont-on-ne-doit-plus
, jen ai pas cherché non plus
Oui, la soirée est calme et agréable, rien ne semble pouvoir la gâcher, à part un léger ennui
et cest là que je commets lirréparable. Jenvoie un sms à Celui-dont-on-ne-doit-plus
« Félicitations pour ton bac ». Oui, lennui est un danger pernicieux. Lorsquon sennuie on finit par faire nimporte quoi. Et lorsquon fait nimporte quoi, souvent cest anti-productif. Cest pour cela quil est important de soccuper et de ne pas flirter avec cette mauvaise bête
comment trouver une quelconque cohérence entre lenvoi de cet sms avec le propos bien clair dans ma tête ce matin « jai envie de profiter de la vie
oublier dabord Celui-dont-on-ne-doit-plus-jamais-jamais-jamais-prononcer-le-nom
arrêter de me faire du mal
», si ce nest tenter de mettre cela sur le dos de lennui ?
A linstant ou je confirme lenvoi, je regrette de lavoir fait
je tente de le bloquer, mais cest trop tard
cest parti
cest con
avant je redoutais son silence, maintenant je redoute sa réponse
je redoute le fait quil me réponde froidement, je redoute encore plus le fait quil cherche à mattirer chez lui pour se vider les couilles une fois de plus, mais je redoute par-dessus tout son silence
et cest évidemment ce tarif là quil me faudra payer ce soir là
non, finalement, les sms ce nest pas une invention si géniale que ça
Un peu plus tard dans la soirée, les sms commencent à pleuvoir pour organiser la fameuse soirée du bac
Bodega
Esmé
ils me saoulent
on en a déjà faite une avant, il ny a pas besoin den refaire une autre
ils ont quà se lorganiser cette putain de soirée, ma décision est prise, je ne vais pas y aller. Je trouverai une excuse
Une nouvelle dose de Madonna à pleine puissance dans mon casque maidera à faire passer cette soirée, une bonne branlette maidera à trouver le sommeil et à le garder pour rattr le retard de la veille.
Le mardi matin je me lève en pleine forme et je me rends à lauto-école pour finaliser mon dossier en vue de démarrer la formation intensive à partir du lundi 16 juillet. Je suis reçu par une nana qui mexplique en détail comment tout cela va se passer. Elle me présente mon moniteur.
« Voilà Martin, vous aurez à faire à lui pendant les deux semaines du stage ».
Aaaahhh
cest lui mon moniteur
dès linstant où je vois Martin, je sais déjà que avoir mon permis ne sera pas une mince affaire
comment réussir un stage intensif, faute de pouvoir me concentrer ? Car Martin est le genre de garçon qui attire le regard, comme un rideau blanc la lumière du soleil
« Bonjour Martin » le lui lance en lui serrant la main. Martin est un mec genre la trentaine, très class. Un beau jean, une ceinture noire épaisse, une chemise blanche toute simple mais très bien coupée
une belle montre bien lourde de mec
de beaux cheveux châtains en bataille
les yeux marron foncé, le regard très intense, charmeur
un beau spécimen
sa poignée de main est ferme mais à la fois douce, comme une caresse
son parfum est captieux, captivant
Cest qui ce bogoss ? Ca va être une de le côtoyer
de me retrouver seul dans la voiture de conduite avec lui
il a quel âge au juste ? il habite ou ? est-ce quil a une copine ? est-ce quil la baise touts les soirs ? se branle-t-il ? le matin ? le soir ? dans les chiottes de lauto-école ? a-t-il déjà couché avec des élèves ? je parie que oui, cest sur, il est charmant à un point que les nénettes doivent toutes être folles de lui
est-ce quil fait du sport ? combien de temps reste-t-il sous la douche ?
Ok, bon, admettons, le gars a légèrement attiré mon attention
mais enfin, cest pas comme si je me posais mille et une questions sur sa vie
cest pas comme si je fantasmais sur sa vie
mais à quel age a-t-il couché pour la première fois ? est-ce quil a déjà couché avec un garçon ? en aurait-t-il envie ? dans quel « rôle » ? quest-ce quil aimerait ?
Oui, Martin ma carrément laissé de marbre
il faut dire que quand je repense à ce mec aujourdhui, cest la silhouette classe, virile et élégante dun Jamie Dornan qui me vient à lesprit
exactement le genre de mec qui me laisse
avec les jambes en coton
Je sors des locaux de lauto-école tout guilleret
cest leffet « bogoss inconnu » sur mon esprit
à chaque fois que je croise un bogoss, jai limpression que mes poumons souvrent et quun air nouveau sy insuffle
jai limpression dêtre ivre de la beauté et du charme de ce bogoss, une drogue puissante pour mon esprit, une drogue qui me fait planer, flotteur sur un bonheur éphémère mais intense
Je glandouille le reste de la journée, je me sens apaisé, fringuant
ce Martin ma mis de bonne humeur, et lidée de le retrouver me chatouille bien lesprit
je sais quil ne se passera rien avec lui, que je vais passer deux semaines à baver dans mon coin en matant ce bogoss hétéro
mais je ne peux mempêcher de ressentir une petite impatience à lidée de le retrouver
Oui, la journée a bien commencé, et elle continue sur la même lancée
depuis dix heures, jai reçu plusieurs messages de Stéphane me racontant comment ses journées sont chargées entre le travail, les cartons, sa mère dans les pattes
à travers ces quelques échanges, je sens sa présence bienveillante, ses mots comme des caresses, et je me sens fort et déterminé à avancer
il est trop bien ce Stéphane
Un de ses messages en particulier me rendra vraiment heureux :
« Marre du taf
envie de tout lâcher et venir te voir ».
Moi : « Lâche alors
»
Lui : « Peux pas  »
Moi : «  »
Il ne lâchera pas. Je commence à me dire quon ne va pas y arriver. Que je vais passer toute la semaine seul à glandouiller
Elodie a repris le travail et sans elle je nai pas le courage de bouger
si elle avait été disponible, on serait retourné passer quelque jours à Gruissan, mais même si elle ma dit quil ny aurait aucun problème pour me filer les clefs, je nai pas le cur à y aller sans elle
prendre le train, me retrouver seul dans lapart, aller seul à la plage
remarque, ce serait une occasion en or pour commencer à vivre mon été « sensuel »
mais je nose pas, je sais que sans Elodie pour me faire rire, je vais redevenir le garçon très timide que je suis et les occasions que jai quand je suis avec elle, ne vont pas se présenter à moi tout seul
tiens
et si je demandais à Martin de maccompagner ? On peut toujours rêver
Blagues à part, il y a aussi une autre raison qui me pousse à rester sur Toulouse
cest lespoir de revoir Stéphane avant son départ
je sais que les chances sont très faibles, presque inexistantes, mais si jamais loccasion devait se présenter à limproviste, je men voudrais vraiment de la rater
Alors, en attendant, jessaie de le temps, en attendant de partir pour Londres
je me balade, je retourne au Jardin des Plantes. Je marche sur le Canal. Je me dis que jai envie de reprendre la course à pied. Jai tellement de temps à moi que je trouve même le temps de ranger ma chambre (ça cest un exploit), de ranger mes cours, mes bouquins qui ne serviront plus.
Je me sens calme. Un jour de plus sans croiser Celui-dont-on-ne-doit-plus
je nai même pas trop pensé à lui de la journée, presque pas
Mercredi arrive, je fais la grasse mat. Un sms de Stéphane me souhaitant « Bonjour petit mec » me fait bien commencer la journée. Laprès midi je vais courir sur le canal. Dautres sms de Stéphane me donnent la banane. Je croise un mec avec un labranoir. Le labra est mignon tout plein, le mec nest pas mal non plus. Mais le labra nest pas Gabin et le mec nest pas Stéphane. Dommage. Jai vraiment super envie de le voir. Hier soir encore je me suis caressé et jai joui en pensant à nos gros câlins du dimanche
hier soir encore je me suis endormi en menroulant tout serré dans ma couette en imaginant léteinte de se ses bras
et hier soir encore je me suis repassé le dvd dAladdin tout seul dans ma chambre
Je crois que je suis en train de tomber amoureux de ce gars
je lai tout le temps dans la tête, des images ce dimanche après midi font sans cesse surface dans mon esprit comme des feux dartifice
et à chaque fois que je reçois un sms venant de lui, drôle, gentil et toujours affectueux, ça me met de bonne humeur, ça me fait sentir bien, mes poumons ont envie de respirer profondément, je sens une énergie nouvelle parcourir mon corps, jai limpression de renaître
et cest si agréable
Mais ce qui est agréable par-dessus tout en cette fin daprès midi, cest de recevoir un sms de la part de Stéphane me proposant daller prendre un verre ensemble le soir même
cest adorable comme proposition, mais au même temps cest nul
on ne pourra même pas se câliner
je sais que lon a pas le choix, chez lui on ne peut pas, chez moi encore moins
je suis à deux doigts de lui proposer un plan hôtel mais ça me parait trop glauque
je me dis que sil en avait envie, il me le proposerait lui-même
Il faudra se contenter dun verre ensemble
hélas, même ce verre ne sera pas
un empêchement de dernière minute le retiendra tard au bureau et un sms annulera ce rendez vous
je sais quil a envie de me voir mais que ce sont les événements qui le retiennent, jimagine bien que la veille dun déménagement, surtout en travaillant jusquà presque le dernier jour, ça ne doit pas être une période de tout repos
Je ne lui en veux pas, mais je ne peux pas mempêcher dêtre déçu, très déçu
davoir du mal à trouver le sommeil, dessayer de métourdir avec des branlettes qui narrivent même pas à me détendre
je suis déçu de ne pas pouvoir le retrouver, ne serait-ce que pour un petit moment, devant un verre
juste le voir aurait suffit
le voir, échanger quelques mots, quelques regards, une accolade, un petit bisou discret dans un coin de rue, vraiment ça maurait fait du bien
comme une piqûre de rappel de ce dimanche magique
et ça maurait peut être aidé à
tenir bon
car
je le sais, je le sens sur ma peau, dans mon ventre, au plus profond de moi
poussé par le vent je brûle et je m'enrhume (
) je je, suis si fragile, qu'on me tienne la main
Oui, je suis déçu de ne pas le voir ce soir là, mais je suis surtout déçu et triste car je comprends rapidement que les jours passent, que je narriverai pas à le retrouver avant son départ
oui, je suis déçu, mais je suis surtout déçu de moi-même
de ma faiblesse que je sens venir de loin, lentement mais assurément, une faiblesse qui va me rattr quoique je fasse et qui va faire le jeu de Celui-dont-on-ne-doit-plus
ma faiblesse est son pouvoir
mon amour, sa baguette de sureau
javais cru, avec le sort de Protego jeté sur moi par le sorcier Stéphane dimanche dernier, de mêtre définitivement soustrait au pouvoir de Celui-dont-on-ne-doit-plus
mais quest donc un charmant sort de Protego, face à celui de lImperium, ce sort que Celui-dont-on-ne-doit-plus
ma jeté depuis de longs mois
ce sort qui est cousin très proche dun autre, bien connu, le Doloris
Je suis déçu et triste car je sens que dans mon cur tout commence à remuer
la pureté, la puissance des sentiments, les promesses de dimanche soir, ma détermination à tourner la page, mon sentiment dêtre comble par lamour de Stéphane, sont en train de se dissiper petit à petit dans mon cur à lapproche de la soirée « bac »
Stéphane me manque toujours, mais ce qui me fait le plus mal cest que je me sens dériver loin de lui sans avoir le pouvoir de lempêcher
Jessaie de me battre, de retrouver le sentiment de dimanche soir, mon assurance, ma sérénité
mais jai beau me battre et me débattre, je ne peux rien y faire
les heures passent inexorablement et inexorablement mes sentiments pour Celui-dont-on-ne-doit-plus
refont surface
Et cette petite contrariété, ce rendez vous annulé, joue dans mon cur le rôle de déclencheur, détincelle qui va mettre le feu aux poudres
cest con, mais cette petite contrariété suffira pour que mes démons trouvent la force de refaire violemment surface dans mon esprit
et une fois quils ont refait surface, je nai pas le pouvoir de les repousser
Oui, je recommence à repenser à Celui-dont-on-ne-doit-plus
en réalité, je nai jamais cessé dy penser
mais pendant quelques jours, il me semblait loin, et en train de séloigner progressivement, de seffacer de mon esprit
les échanges de sms avec Stéphane me gardaient à labri comme dans une bulle, et si cette relation avait continué assez longtemps, peut être que jaurais été guéri
je suis comme un malade à qui on aurait commencé à donner un traitement efficace pour sa pathologie mais à qui on laurait arrêté beaucoup trop tôt
la maladie reprend le dessus, et il ny a plus rien à faire
Quand on a quelquun dans la peau comme moi jai Celui-dont-on-ne-doit-plus
, on nen guérit pas dun claquement de doigts
il faut un long suivi, une longue convalescence, une rééducation émotionnelle et sentimentale
je suis privé de cela par le départ de mon beau docteur Stéphane
je suis donc à ce point malade ???
Dans un dernier sursaut de survie, je me dis que jai absolument besoin de le revoir, car le revoir cest retrouver la belle énergie, lélan de dimanche soir
jai envie daller sonner à sa porte le lendemain, lui faire la surprise
même sil y a sa mère, je peux bien passer pour un pote qui sarrête dire bonjour
jai besoin de renouveler le sortilège de Protego, alors quau fond de moi je sais déjà que même un Protego Horribilis ne suffirait pas
car je sens se produire en moi quelque chose dinattendu, inattendu mais pas trop quand même
un inéluctable sortilège de métamorphose est en train de sopérer
je suis au bout de mes forces, mais jemploie toute mon énergie pour my opposer
hélas, il y a bien un moment où mon énergie ne suffit plus, où ma volonté désarmé sincline devant un mouvement qui me dépasse, devant une force qui me déborde
lorsque dans mon esprit, Celui-dont-on-ne-doit-plus
redevient soudainement Jérém
Plus tard dans la semaine
« Cétait qui ce mec de tout à lheure? » me balance-t-il de but en blanc.
« Je sais pas
je ne le connais pas, cest la première fois que je le vois
».
« Il te voulait quoi? ».
Ses questions magacent, franchement. Il faut avouer que jai un peu bu et que de ce fait mon agacement est exacerbé. Il me saoule à un point que jai envie de le frapper. Cest viscéral. Quand je pense à samedi dernier, à son départ avec les deux pouffes et avec Thibault
alors que là il est en train de me faire la morale
là, franchement, je perds les pédales
je ne vais pas le frapper physiquement, mais me servir des mots
ça sort tout seul, comme une petite bombe
« Coucher avec moi, je pense
en plus il était à mon goût
il a fallu que tu viennes ten mêler
».
Un coup de bluff, certes, car il faut bien ladmettre, ça ma fait drôlement plaisir voir débarquer Jérém en mode macho jouer de ses gros bras pour me casser un plan à qui je ne tenais que très moyennement. Un premier coup bien visé, qui atteint sa cible en plein cur. Sa main frémit
un léger mouvement de son regard et une inspiration par le nez, profonde et nerveuse, me font comprendre que le beau brun accuse le coup
« Tu vas pas baiser avec un bouffon pareil
» me lance-t-il avec mépris
voilà sa riposte : le mépris
« Pourquoi? Il n'était pas mal
même pas mal du tout
» je repars à lattaque, culotté.
« Cest pas un mec pour toi
» gronde-t-il
du mépris à la colère, sa contre-attaque monte en puissance
« Ah bon
» fais-je sur un ton ouvertement provocateur face à son culot « et maintenant tu sais quels mecs sont bons pour moi ou ceux qui ne le sont pas
le mec de la dernière fois à lEsmé ce nétait pas un mec pour moi
celui de ce soir non plus
et
»
« T'as pas a faire ta chaudasse avec tous les mecs
» il mengueule violemment en levant le ton et en mempêchant provisoirement de lui balancer une dernière cartouche qui, une peu plus tard dans la conversation, latteindra bien comme il faut.
« Bah tiens, tu peux bien parler... » je me moque, mauvais.
« Quoi donc... » il sénerve
« Ça te va bien de me faire la morale... toi qui baise tout ce qui bouge
». Je narrive pas à croire que cest moi qui balance ces mots, que je lui fais ce rentre dedans, que je le provoque sciemment. Est-ce bien lalcool qui fait renaître mon amour propre et qui fait tomber mes inhibitions
ou bien, mes mots sortent-elle sous leffet dune quelque expérience récente ayant entraîné certaines prises de conscience vis-à-vis de moi-même ?
« Si tas un truc à dire, vas-y
je t'écoute
» me lance-t-il, menaçant, en montant sur ses grand chevaux
« C'est bien toi » je continue sans me démonter « que samedi dernier n'a pas voulu baiser avec moi pour se faire un plan à quatre avec son meilleur pote et deux pétasses de la pire espèce... ».
De lieux en mieux, ma désinvolture frôle loutrage
décidemment je narrive pas à croire que jai le cran de lui balancer ça comme ça, sur ce ton mutin et presque méprisant. Non, définitivement ce nest pas que lalcool seul qui parle
mais bien un début damour propre
une renaissance dont jentrevois clairement les causes
une tête le labranoir saffiche dans ma tête
« C'est pas pareil... » me balance-t-il sèchement, sur un ton agressif, presque en gueulant.
Il est en train de monter en pression, mais il ne me fait plus peur. Deux mots saffichent en grand dans ma tête. Merci Stéphane
ce dimanche na pas été vain
je ne suis plus le Nico davant
désormais
Jérém
ne pourra plus se foutre de ma gueule. Jai enfin la force de lui tenir tête. Oui, Stéphane, ta force est avec moi
Jérém accuse un nouveau coup. Touché une fois de plus, mais pas coulé. Le navire est bien gardé, ses défenses solides
je le vois pourtant vaciller
jai limpression que la colère monte en lui et quil est prêt à exploser.
« Qu'est ce qui n'est pas pareil? » je demande
non, je ne lâche rien ; et jenchaîne, mengouffrant dans la brèche creusée par son silence et par son évidente absence darguments « je croyais que nous deux on baisait quand on avait envie et quaprès on baisait avec qui on voulait.... ».
Touché une nouvelle fois
le cuirassé Jérém tangue, chancelle sérieusement. De la fumée sort du pont
il y a le feu à bord
le bâtiment de guerre est mis à mal
Le système de communication doit être touché, aucun signal radio ne vient
je sens que je suis en position de force, alors jen profite pour mener à bien mon assaut
jai envie de frapper, jai envie de lui faire mal, je veux voir sa réaction, je veux le mettre devant lui-même, devant ses contradictions
le repousser dans ses derniers retranchements, le voir exploser
je me surprend à admettre à moi-même que, au fond, je cherche le clash
« De toute façon tu baises avec moi quand tu en as envie et quand ça te chante tu baises ailleurs
par conséquent, moi je baise avec toi que quand toi ten as envie
et mes envies à moi, ten fais quoi de mes envies à moi ? tu te fous de ce dont jai envie
comme samedi dernier, quand tu mas jeté comme une merde
alors, pourquoi je ne baiserais pas moi aussi ailleurs comme ça me chante et surtout quand tu me lâches ? pourquoi je tattendrais sagement quand tu préfères passer ta nuit avec quelquun dautre ? ».
« Fiches moi la paix
putain
t'es rélou... ».
Lartillerie lourde est touchée aussi. La puissance de frappe est compromise. Le navire est désormais sur la défensive. Je ne peux plus marrêter. Javance tout droit vers ma cible.
« Je ne te demande rien, tu sais
tu le sais que j'adore coucher avec toi... mais quand tu ne veux pas, surtout quand tu vas voir ailleurs et que tu le fais sous mes yeux... alors là, ne me demande surtout pas de t'attendre...
Je le vois sénerver
touché une fois encore, jai limpression que le navire a perdu le contrôle de sa trajectoire, quil dérive ; alors, comme un animal excité par le sang et par la peur de ladversaire blessé, je continue, impitoyablement, cherchant langle de tir parfait pour mener le coup de grâce
Insatiable dans ma vengeance, limite cruel, profitant pour la première fois dune position de force vis-à-vis de mon con de beau brun, je décide de tenter un piège, une feinte
je veux faire durer mon « plaisir »
je vais lobliger à sortir à découvert pour mieux le frapper
mon but est de le terrasser comme lui il ma terrassé tant de fois
« De toute façon, à tentendre, il ny a aucun mec qui pourrait être bien pour moi
le mec de la piscine non plus ce nétait pas un mec pour moi
mais ce nest pas comme si tu avais ton mot à dire, Jérém
»
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